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Luciana Gaffrée

sexta-feira, 9 de dezembro de 2011

Les femmes dans les pays latins.

Affaire DSK : « Dans les pays latins, le pouvoir politique va de pair avec la domination des femmes »
famillechretienne.fr
20/05/2011
Par Benjamin Coste
11 commentaires
Alors que Dominique Strauss-Kahn, mis en examen le 19 mai par la justice américaine, a été remis en liberté sous haute surveillance dans l’attente de son procès, Dominique Folscheid, professeur de philosophie à l’université Paris-Est, livre son analyse sur cette affaire. Auteur de Sexe mécanique, la crise de la sexualité contemporaine, il revient sur l’émoi planétaire qu’a suscité l’emprisonnement du patron du FMI.


© LUDOVIC - REA

Sommaire
DSK, embryon : toutes les transgressions…
Le dessin d’Ixène : le festival de Strauss-Kahn
Des cantonales à la présidentielle, remettre la laïcité à l’endroit
Collectif féministe contre le viol
Sexe mécanique – La crise contemporaine de la sexualité
L’impact de l’affaire DSK : retour au réel ?
« L’affaire DSK a réveillé notre inconscient collectif malade »
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Violences conjugales : accepter d'être accompagné
Mots clés
justicepersonnages politiquesviolenceÉtats-UnispolitiquefemmeadultèreEn tant que philosophe, comment avez-vous réagi à l’annonce des accusations qui pèsent sur Dominique Strauss-Kahn ?

Je me suis dit que nous assistions à une tragédie de l’époque moderne. Une affaire de destin, accompagnée d’une série de hasards qui frappent en plein vol – et juste avant son envol – un homme porté au pinacle, en route pour, au vu des sondages, un couronnement en France.

D’un instant à l’autre, Dominique Strauss-Kahn s’est retrouvé extirpé de son avion, envoyé dans un cul de basse-fosse, troquant la Porsche pour une voiture de police et son costume de patron du FMI pour la tenue bleue réglementaire de prisonnier américain. Le contexte mêlant pouvoir et sexe m’a fait penser au poème de Shakespeare Le Viol de Lucrèce.

C'est aussi une tragédie pour la présumée victime qui, d’après ce que l’on sait, se trouvait là par hasard.

Si les faits s’étaient produits en France, cette histoire aurait certainement pris un tour encore plus dramatique. J’imagine les réactions si un homme politique français avait commis les mêmes actes dans un hôtel parisien… Imaginez, un homme de gauche, candidat du Parti socialiste, s’en prenant à une immigrée, noire, veuve, mère célibataire, musulmane…

Est-ce que le philosophe que vous êtes comprend cette sidération du grand public devant ce qui est reproché à Dominique Strauss-Kahn ?

Le terme de sidération, que l’on a beaucoup entendu et qui exprime une surprise que l’on ne peut mettre en mots, évoque une nouvelle fois la tragédie, puisque l’étymologie latine renvoie aux astres qui décident des destinées.

Nous voilà face à un personnage emporté comme un fétu de paille dans une machine à broyer au sein de laquelle il n’y a pas d’issue possible. Alors que nous évoluons dans une société où tout est habituellement sous contrôle, nous sommes confrontés à des forces telluriques, à une sorte de tsunami où la liberté n’a plus cours.

Dans le cas de Dominique Strauss-Kahn, si sa culpabilité est avérée, nous nous trouvons face à un comportement pulsionnel, irrésistible. Je pense à ce vers tiré d’Andromaque : « Je me livre en aveugle au destin qui m’entraîne ».

Dans quelle mesure les citoyens français sont en droit d’attendre une certaine exemplarité d’un homme politique et, encore plus, d’un chef d’État ?

Il existe des traditions politiques extrêmement différentes. Dans les pays anglo-saxons ou scandinaves, il n’est pas envisageable de séparer vie publique et vie privée. Qui agit de telle sorte dans sa vie privée en fera autant dans sa vie publique. L’adultère est mal vu dans ces pays.

Les pays latins, eux, s’appuient sur une tradition différente, voire opposée. En Italie, les affaires autour de Silvio Berlusconi sont abordées à la rigolade. En France, Henri IV, Louis XIV ou Louis XV ont beaucoup œuvré en matière de séduction. Et cela apparaissait dans l’imaginaire politique de nos pays latins comme quelque chose allant de soi. Le pouvoir politique va avec le pouvoir sur les femmes. C’est même souvent une sorte de garantie. Un homme qui n’aurait pas de pouvoir sur les femmes serait suspect. P’tit Gibus, dans La Guerre des boutons, ne dit-il pas : « Le chef, c’est celui qui a le plus long zizi » ? La longueur du sexe est l’emblème du pouvoir sous toutes ses formes. Chez les hommes politiques, le jeu vaut dans les deux sens : on a le pouvoir, donc on a les femmes ; et les femmes – certaines tout du moins – sont attirées par les hommes qui ont le pouvoir.

Les deux façons, anglo-saxonne d’un côté et latine de l’autre, d’envisager le rapport entre vie privée et vie publique constituent selon moi des excès. Il y a un minimum à respecter, une ligne rouge à ne pas dépasser. Il semble que Dominique Strauss-Kahn ait longtemps oscillé entre ligne jaune et ligne rouge, et on peut craindre qu’il ait cette fois franchi la limite. Dans ce cas, notre position latine n’est plus tenable. Un roi « chaud lapin » comme Henri IV pouvait être aimé de ses sujets ; mais un président violeur, ce n’est pas tolérable.

Le fait qu’un candidat à la présidence française soit supposé fréquenter un célèbre club échangiste de la capitale pose également problème. Cela implique que les personnes humaines sont substituables, indifférentes, et que l’on peut passer de l’une à l’autre et en faire des objets de jouissance que l’on délaisse ensuite.

Mais la politique fait avec la nature humaine, telle qu’elle est, et non pas telle qu’elle devrait être. Si la morale devait diriger la politique comme le prônait en leur temps Saint-Just ou Robespierre, nous nous dirigerions vers une nouvelle Terreur !

L’anthropologie chrétienne n’a-t-elle pas quelque chose à dire sur ces questions ?

Le christianisme a plusieurs choses à dire. La première est qu’en matière de politique il distingue Dieu et César. César n’est pas Dieu et inversement, excluant ainsi la notion de théocratie. Le moralisme, qui voudrait que la vie politique soit soumise à une transparence totale, à un régime de vertu obligatoire, est également écarté par le christianisme. En effet, la logique du christianisme est de considérer que les hommes sont pécheurs et qu’il faut la miséricorde de Dieu pour qu’ils puissent se relever.

Bien que l’on veuille nous présenter le christianisme comme dépassé et défendu par des papes « pères la vertu », il est en réalité beaucoup plus proche de l’humanité telle qu’elle est. La sainteté est proposée aux hommes, mais l’Église a tout à fait conscience que les hommes ne sont pas des saints.

Ceci dit, dans le christianisme, il n’est pas question que des humains servent d’objet de consommation et de jouissance pour d’autres. Le corps étant le temple de l’Esprit, il ne peut être instrumentalisé par autrui.

Le chrétien doit ainsi être beaucoup moins tenté par l’idolâtrie dont sont l’objet aujourd’hui les personnalités médiatiques. Dieu est un chasseur d’idoles. Si Dieu n’est plus perçu comme Dieu, un futur président de la République peut apparaître comme un sauveur. L’engouement suscité par la candidature de Dominique Strauss-Kahn était en cela déjà inquiétante.

Dans un de mes livres, je parle d’un « nouvel Olympe » peuplé de divinités de la chanson, de « tops » de toute nature auxquels est désormais voué un culte. Pour effacer le visage du Sauveur, nous avons multiplié des petits sauveurs, dont font partie les hommes politiques

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