Hollande et Netanyahu unis contre l'antisémitisme
Créé le 01-11-2012 à 17h30 - Mis à jour à 17h30
Texte I
TOULOUSE (Reuters) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président français François Hollande ont affiché leur unité contre l'antisémitisme jeudi à Toulouse lors d'une cérémonie dans l'école juive où Mohamed Merah avait tué quatre personnes en mars.
TOULOUSE (Reuters) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président français François Hollande ont affiché leur unité contre l'antisémitisme jeudi à Toulouse lors d'une cérémonie dans l'école juive où Mohamed Merah avait tué quatre personnes en mars.
Au cours d'un hommage aux victimes du "tueur au scooter", le chef de l'Etat a souligné que la sécurité des juifs de France était "une cause nationale" et il a promis de mettre "tout en oeuvre" pour les protéger.
Mohamed Merah, qui se réclamait d'Al Qaïda, avait abattu trois enfants juifs et un rabbin dans le collège-lycée Ozar Hatorah le 19 mars, quelques jours après avoir tué trois militaires et en avoir blessé grièvement un quatrième.
"Je veux aussi devant vous, familles, représentants, élus, rappeler la détermination de la République française à combattre sans relâche l'antisémitisme", a déclaré François Hollande lors d'un discours dans le gymnase de l'école, rebaptisée "Ohr Torah" après le drame.
"Il sera pourfendu dans toutes ses manifestations, les actes mais aussi les mots. Il sera pourchassé partout (...), en particulier sur les réseaux sociaux qui accordent l'anonymat à la haine."
Benjamin Netanyahu, qui s'était engagé à venir à Toulouse lors des obsèques des quatre victimes franco-israéliennes à Jérusalem, a jugé que les crimes de Mohamed Merah s'apparentaient à ceux du régime nazi.
"S'il en avait eu la possibilité, cet assassin aurait tué chaque enfant juif qu'il aurait croisé sur son chemin, exactement comme les nazis", a dit le Premier ministre dans un discours en hébreu traduit en français, avant de comparer l'antisémitisme à un incendie.
L'ESPRIT DE LA RÉSISTANCE
"L'histoire nous enseigne que l'antisémitisme commence par l'agression des juifs mais que, très vite, cela se répand à d'autres. (...) Si l'on n'éteint pas le départ de feu de l'antisémitisme, cela se transformera en un incendie qui se propagera pour consumer tout ce qui se dresse sur son chemin."
Benjamin Netanyahu a salué la présence de François Hollande à ses côtés pour cette cérémonie, estimant que cela voulait "tout dire".
"M. le Président, votre présence ici est animée par l'esprit de la Résistance. La Résistance qui a donné à la France des dirigeants ou des personnalités comme Jean Moulin jusqu'à ses dirigeants d'aujourd'hui, animés par cet esprit."
En présence notamment du ministre de l'Education Vincent Peillon, du ministre délégué aux Anciens Combattants Kader Arif ou du maire de Toulouse Pierre Cohen, des prières juives ont été lues, notamment par le grand rabbin de France Gilles Bernheim.
Des proches des victimes ont également pris la parole, comme Yaacov Monsonego, directeur de l'école et père d'une fillette de sept ans tuée par Mohamed Merah, qui a parlé d'une "plaie béante".
"J'aurais tant aimé vous accueillir en d'autres circonstances et non lesté du poids de cette peine immense, d'un acte monstrueux de haine qui a pulvérisé mon univers", a-t-il dit, la voix brisée par l'émotion, avant de recevoir l'accolade de François Hollande et Benjamin Netanyahu.
"MESSAGE EXTRÊMEMENT FORT"
Juste avant la cérémonie, les deux dirigeants ont rencontré des élèves et parents d'élèves dans la bibliothèque de l'établissement.
"Un enfant m'a interrogé, il m'a demandé combien de temps encore les forces de police seront présentes à l'entrée de l'école", a raconté François Hollande à la tribune.
"J'ai répondu: 'autant de temps que nécessaire, et autant de forces que souhaité, et partout en France, là où il y a une menace, là où il y a un risque. Le but de la République, c'est qu'il n'y ait plus jamais aucun policier devant une école'."
Un important dispositif de sécurité avait été déployé autour et à l'intérieur de l'école, avec portiques de sécurité, maîtres-chiens et fouille des invités.
Quelque 300 policiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité de l'événement. Le quartier de la Roseraie a été bouclé par la police et une partie du périphérique toulousain fermé à la circulation.
Nicole Yardeni, présidente régionale du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), s'est félicitée des prises de position des deux dirigeants.
"C'est un message extrêmement fort, au-delà de la communauté juive, vis-à-vis de la communauté française dans son ensemble", a-t-elle déclaré à Reuters au terme de la cérémonie, saluant en particulier la détermination affichée par François Hollande.
"On n'a jamais entendu une telle lucidité dans la classe politique française, si facilement énoncée en tout cas", a-t-elle jugé.
"C'était vraiment attendu mais on ne pouvait pas imaginer que ça atteindrait ce niveau-là de compréhension, de lucidité."
Cette cérémonie à Toulouse intervient au moment où des témoignages cités dans la presse relancent les interrogations sur l'attitude des services de sécurité dans l'affaire Merah.
François Hollande a reconnu dans son discours "certaines failles dans l'organisation de notre renseignement" et s'est engagé une nouvelle fois à ce que toute la vérité soit faite.
Edité par Yann Le Guernigou
Texte II
Benjamin Netanyahou et François Hollande, le 31 octobre à l'Elysée. (MARTIN BUREAU / AFP)
Texte II
Netanyahou aux juifs de France : "Venez en Israël !"
Créé le 31-10-2012 à 22h02 - Mis à jour à 22h05
"La place des juifs de France, s'ils en décident, c'est d'être en France, de travailler en France, de vivre en France", a rétorqué Hollande.
Mots-clés : juifs, Benjamin Netanyahou
Où les juifs de France doivent-ils vivre? La question a fait l'objet d'un échange, mercredi 31 octobre, entre les dirigeants français et israélien. "Venez en Israël !", a plaidé Benjamin Netanyahu. "La place des juifs de France, c'est d'être en France", lui a répondu François Hollande.
En visite à Paris, le Premier ministre israélien a été interrogé lors d'une conférence de presse conjointe par un journaliste sur le climat d'antisémitisme en France. Après avoir souligné la "détermination", la "tolérance zéro" des autorités françaises à l'égard des actes antisémites, Benjamin Netanyahu a rappelé en souriant : "En ma qualité de Premier ministre d'Israël, je le dis toujours aux juifs où qu'ils soient : venez en Israël et faites d'Israël votre chez vous".
Le chef de l'Etat français a alors pris la parole pour une mise au point. "Benjamin Netanyahu dit 'Bienvenue aux juifs de France', s'ils veulent s'installer en Israël, je le comprends", a d'abord expliqué François Hollande. "Mais la place des juifs de France, s'ils en décident, c'est d'être en France, de travailler en France, de vivre en France, à condition qu'ils soient pleinement en sécurité", a souligné le président.
"Pourchasser, poursuivre, éradiquer l'antisémitisme"
"Lorsqu'un citoyen, parce qu'il est juif, est mis en cause dans sa sécurité, c'est toute la République qui est agressée", a poursuivi François Hollande. "Il y a de l'antisémitisme, nous devons le pourchasser, le poursuivre, l'éradiquer", a-t-il ajouté.
"Il y a aussi du racisme", a-t-il poursuivi, évoquant "des citoyens qui sont poursuivis ou menacés parce qu'ils sont d'une autre religion ou parce qu'ils ont une autre couleur de peau". "C'est avec la même volonté que nous les protégeons et que nous mettons hors d'état de nuire ceux qui les menacent ou qui les agressent", a assuré le président français.
Entre 350.000 et 500.000 juifs vivent en France, selon diverses estimations. Depuis la création de l'Etat hébreu, en mai 1948, plus de 90.000 juifs ont quitté la France pour Israël.
"Loi du retour"
Selon des statistiques du ministère israélien de l'Intégration, l'immigration juive en Israël à partir de la France a enregistré une légère baisse en 2012 malgré la hausse des actes antisémites.
1.331 personnes de France ont immigré en Israël entre janvier et août 2012, contre 1.500 pour la même période de l'année 2011, soit une diminution de quelque 11%.
La "Loi du retour" israélienne accorde automatiquement la nationalité aux juifs qui viennent s'installer en Israël. Des non-juifs peuvent en bénéficier si leur conjoint ou un de leurs parents est d'origine juive
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